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IL Y A 60 ANS: CUNQUEIRO EN BRETAGNE.

IL Y A 60 ANS: CUNQUEIRO EN BRETAGNE. - COMITÉ BRETAGNE-GALICE

 Il y a soixante ans, en juin 1964, le grand écrivain galicien Alvaro Cuqueiro visitait notre région. Amoureux de la Bretagne qu'il ne connaissait alors que par les livres, il y avait placé ses "Chroniques du souschantre" (publié en français chez Actes Sud) et s'était inspiré du cycle arthurien qu'il avait transposé sur les terres imaginaires de Miranda en Galice (Merlin e familia). Il venait vérifier si ses descriptions étaient conformes à la réalité mais pas seulement …

   Il venait aussi et surtout rencontrer Polig Monjarret, les animateurs   de la BAS, des Fêtes de Cornouaille et des acteurs du mouvement culturel breton dont le travail l'enthousiasmait. Polig et lui  étaient en contact depuis un certain temps: Polig entendait impulser les échanges entre Bretagne et Galice. Il avait fait venir le groupe "Cantigas da Terra", lui-même s'était rendu à Vigo en 1963 avec le Bagad Kadoudal de Rennes.

 La relation de ce voyage a été publiée du 29 mai au 3 juin de la même année dans le Faro de Vigo, dont Cunqueiro était alors directeur.

 C'est donc à la Pentecôte 1964 - qui tombait un 17 mai cette année-là - qu'Alvaro Cunqueiro est venu en Bretagne afin d'y rencontrer Polig Monjarret. Les deux hommes s'étaient déjà rencontrés à Vigo en 1950 et l'idée d'établir des échanges musicaux entre bandas galiciennes et bagadoù avait alors germé.

 Monjarret menait alors son formidable travail de collectage. L'Espagne était sous la férule franquiste et bien que le caudillo fût galicien, la culture galicienne était sous le boisseau.

 Après être passés par Bordeaux, Saintes, La Roche sur Yon, Pons, Cunqueiro et ses deux collaborateurs arrivent à Nantes. "Nous allons pénétrer dans cette Bretagne aimée et voir si le rêve et la réalité se confondent" écrit-il. Il remarque immédiatement que le Gwenn-ha-du flotte sur le château. Il y visite le musée, se promène le long des douves et y entonne la complainte pour le mariage "de la belle et bonne duchesse aux sabots sonores". A la cathédrale, il se recueille devant le cœur de la Duchesse.

 Le lendemain, c'est l'arrivée à Vannes mais il n'a pas le temps de s'y attarder. Il se promène le long des remparts, des lavoirs et remarque deux femmes âgées portant une coiffe. Puis Auray, Sainte Anne d'Auray. Émotion à Hennebont où il traverse le Blavet dont il en a décrit méandres et ponts sans l'avoir vu, tout comme Pontivy et Quelven dont est originaire son sous-chantre (*).

 Arrivé à Lorient, déception. Il rappelle que la ville a été totalement détruite par les bombardements mais la reconstruction n'est pas de son goût: « Il faudra une centaine d’années pour qu’il y ait à nouveau une ville qui ressemble à une ville, qui soit autre chose qu’un tas de blocs de béton où des architectes sans imagination ont bâti une agglomération laide dans un merveilleux écrin ».

 Il est tard et il doit se contenter d'un modeste sandwich et d'un tout aussi modeste bordeaux. Heureusement, c'est ce soir-là qu'il retrouve Polig Monjarret, un homme "robuste, souriant, cordial, enthousiaste. Les deux hommes allaient donc parler échanges musicaux. "En Bretagne écrit Cunqueiro, on parle de cornemuse comme ici (en Espagne) de football". Monjarret était déjà venu à Vigo en 1963 avec le Bagad Kadoudal et il souhaitait organiser un nouveau déplacement pour le mois d’août. Zaig, la femme de Polig, "la célèbre chanteuse bretonne aux magnifiques yeux bleus " est également présente.

 A Quimper, Cunqueiro flâne au long de l’Odet, visite la cathédrale et salue Saint Corentin dont il rapporte la légende avec humour. Il remarque l’importance de l’artisanat local : tissages, céramique Henriot.  Repas au restaurant " La Tour d’Auvergne ", il discute avec le responsable des Fêtes de Cornouaille, Monsieur Le Bourhis, dit " Lili ". "100.000 personnes s‘y retrouvent, la vieille ville de saint Corentin n’est que joie, note-t-il et il ajoute c’est aussi pour les bagadoù l’occasion de se rencontrer, de se mesurer, de perfectionner leurs techniques ". (*) Le travail de Monjarret, les fêtes, l’enthousiasment et il écrit : "Nous avons beaucoup à apprendre en Galice si nous voulons donner ses lettres de noblesse à notre gaita et sauver nos chants ". Quimperlé, Le Pouldu étape gastronomique arrosé de Gros-Plant pour les fruits de mer et de bordeaux pour les fromages.

 Cunqueiro et ses collègues, toujours accompagnés de Polig et Zaig Monjarret, se rendent sur une colline où la BAS envisage la création d’une école de musique : " Toute la jeunesse bretonne apprendra sur cette colline à jouer du biniou, de la bombarde, et du tambourin ".

 Visite au calvaire de Tronoën où il remarque une représentation de Saint Jacques pendant que Zaig entonne une vieille complainte qu’elle interprétera à Vigo. A Locronan, il visite l'église Saint Ronan, les ateliers de tissage, rencontre Job et découvre des cartes postales alors inconnues en Espagne !

 L’avant dernier jour du voyage de Cunqueiro est marqué par l’entretien avec le commandant de la BAN de Lann Bihoué. Monjarret veut faire fort et souhaite inviter le Bagad à Vigo. L’entretien est court car le commandant doit recevoir le fils du Négus en visite officielle et le Bagad doit lui rendre les honneurs.

 Retour par Rosporden où il remarque une pancarte indiquant la route du Faouet, dont l’un de ses personnages du sous-chantre (le notaire) est originaire.

 Plougastel et son calvaire puis direction Brest. La traversée de l’Aulne où comme son joueur de bombarde il se mouille les mains; il est rassuré, la rivière est telle qu’il l’a décrite dans son livre. A Brest - dont il ne dit rien contrairement à Lorient-, un groupe de Vigo participe aux fêtes de la ville marquées par la présence de Paola de Belgique.

 C’est ce soir-là au restaurant " L’anneau d’or " qu’il prend congé des Monjarret devant une soupe de poisson et un médoc.

 Cette semaine en Bretagne ne restera pas sans lendemains, plusieurs bagadoù dont le Bagad Kadoudal de Rennes participeront effectivement aux fêtes d’août à Vigo, de nombreux échanges auront lieu entre Bretagne et Galice et au cours de l’hiver 88, Polig Monjarret retourne à Vigo pour y présenter son œuvre Tonioù Breizh-Izel, un recueil de 2000 partitions collectées par la BAS.

 L'on peut aujourd'hui mesurer le chemin parcouru depuis cette rencontre. Polig Monjarret et Alvaro Cunqueiro ont beaucoup semé et les fruits que nous récoltons aujourd'hui sont pour beaucoup à mettre à leur actif.

 Merci Polig et Alvaro.

 L'on peut retrouver la relation complète de ce voyage sur le site

 http://sites.google.com/site/alvarocunqueiroetlabretagne  

 Merci à Nolwenn Monjarret qui m’avait transmis les documents sur ce voyage.

 

* Crónicas del sochantre, Chronique du souschantre publié chez Actes-Sud.

 

                                                                                                Pierre Joubin.

 

La cathédrale de Santiago révèle une vidéo sur la restauration du botafumeiro.

La cathédrale de Santiago révèle une vidéo sur la restauration du botafumeiro. - COMITÉ BRETAGNE-GALICE

  L'enregistrement montre comment le mécanisme qui permet au célèbre encensoir de voler dans la nef de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle a été restauré en 2024 et comment une peinture polychrome du XVIIIe siècle a également été récupérée.

 

L’enregistrement, d'une durée d'un peu plus de 15 minutes, nous permet de nous rapprocher de l'histoire du grand encensoir de Compostelle et de connaître les raisons qui ont conduit à sa réparation.

 

https://www.youtube.com/watch?v=6717yKn9I8Q 

 

 

 

NOUVELLE ÉDITION DE CORRELINGUA :

NOUVELLE ÉDITION DE CORRELINGUA : - COMITÉ BRETAGNE-GALICE

CIG-Ensino, A Mesa pola Normalización Lingüística et AS-PG ont présenté la nouvelle édition de Correlingua, qui, sous le slogan Jeunesse active pour une langue vivante, parcourra onze villes galiciennes entre le 6 et le 29 mai 2025. Comme lors des éditions précédentes, outre la course elle-même, le programme comprend une regueifa ( genre  kan ha diskan ) collective, des ateliers d'écriture créative et deux concours : crealingua (concours de création artistique libre en galicien) et cantalingua (concours de musique en galicien).

Correlingua est une initiative de normalisation linguistique avec 25 ans d'histoire, qui vise à sensibiliser la société, en particulier les enfants et les jeunes, à l'importance de défendre les droits linguistiques à travers des activités collectives et récréatives.

 

LE "PULPO A FEIRA" SERA-T-IL BRETON ?

Dans un précédent bulletin, nous indiquions qu'à cause de la surpêche dans les eaux galiciennes, les restaurateurs étaient amenés à importer des poulpes du Maroc. Devront-ils en importer depuis la Bretagne ? La question peut prêter à sourire mais toujours est-il qu'il y a de plus en plus d'Octopus vulgaris dans nos eaux. Le poulpe semble proliférer en Bretagne Sud depuis l'été 2021. Les pêcheurs bretons remontent de plus en plus de poulpes dans leurs casiers. Une prolifération qui inquiète la profession et les scientifiques car le poulpe est un prédateur, il a des conséquences sur la ressource. Il a par exemple contribué à mettre en péril certaines espèces comme la coquille Saint-Jacques.

Un lien avec le réchauffement climatique peut-il être établi ? Dans l'immédiat, rien ne vient l'étayer. Et puisque cette situation s'est déjà présentée et régulée naturellement, profitons-en pour présenter sur nos tables le célèbre poulpe "a feira" !